La situation économique et sociale dégradée que nous connaissons actuellement impacte l’ensemble des Français, mais pèse davantage encore sur les plus précaires. L'insécurité alimentaire est un des facettes de cette précarité. En 2020, sept millions de français n'ont eu d'autres choix que d’avoir recours à l’aide alimentaire. Une aide alimentaire essentielle mais condamnée à s'approvisionner majoritairement avec les restes de l'agro-industrie et qui ne permet pas un accès digne à une alimentation diversifiée, saine et de qualité. Parmi ces nouveaux bénéficiaires, la population étudiante est aujourd’hui largement représentée (+ 83 % d’inscrits depuis mars 2020 — INSEE). Dans son Rapport sur les inégalités en France édition 2021, l’Observatoire des inégalités indiquait que le taux de pauvreté des 18‑29 ans était passé de 8,2 % en 2002 à 12,5 % en 2018 soit une progression de 50 % avant même la crise sanitaire.

En première ligne face à l'augmentation du coût de la vie, ils étaient près de 600 étudiants et étudiantes, boursiers et non-boursiers à être présents la semaine dernière lors d'une distribution alimentaire organisée par un syndicat étudiant (L'Union Pirate) sur le campus de l'université Rennes2. 

 

Combien sont ceux qui se privent parceque l'alimentation est devenue une variable d'ajustement pour boucler des fins de mois difficiles ?

Nous disposons pourtant d'une offre alimentaire pléthorique et toujours plus diversifiée, mais l'accès à une alimentation en quantité et en qualité suffisante reste un défi, en 2022, en France.  Un défi pour des étudiants et étudiantes pour qui la faim est tout autant une injustice qu'un frein à l'épanouissement personnel et scolaire, l'autonomie et un danger pour la santé, considérant les conséquences d'une alimentation médiocre ou insuffisante.

Quelle société prépare t'on lorsqu'on laisse toute une génération n'avoir pour horizon que la faim et ses conséquences ?

À cette situation inacceptable s'ajoute la fragilité de nos approvisionnements comme l'impasse écologique de nos systèmes alimentaires. Nous devons y répondre par plus de droit ! Le droit à s'alimenter en quantité et en qualité suffisante tout en assurant un revenu juste pour les agriculteurs et agricultrices qui produisent cette alimentation. Bien se nourrir, manger sainement est tout aussi fondamental que de pouvoir dormir à l'abri.

En plus des distributions alimentaires proposées par le syndicat étudiant Union Pirate, une épicerie gratuite vient en aide aux étudiants

Cette ambition est d'ailleurs reprise dans le dernier avis du Conseil National de l'Alimentation (CNA) sur la précarité alimentaire1. Le CNA propose le soutien à de nouvelles solidarités alimentaires ou la mise en place d'une sécurité sociale de l'alimentation2. La création d’une garantie autonomie pour les jeunes entre 18 et 25 ans (projet de loi récemment déposé par des député.es3) serait également une réponse intéressante.

1. https://cna-alimentation.fr/wp-content/uploads/2022/10/CNA_Avis91_precarite_alimentaire.pdf

2. https://securite-sociale-alimentation.org/

3. La garantie d’autonomie jeunes est un droit ouvert aux personnes âgées de dix‑huit ans à vingt‑cinq ans révolus détachées du foyer fiscal du ou des parents, inscrites dans une formation en vue de la préparation d’un diplôme ou d’un concours et dont les revenus sont inférieurs au produit de 1 102 euros et du nombre d’unités de consommation du foyer au sens de l’Institut national de la statistique et des études économiques. Elle complète les revenus du foyer jusqu’à ce seuil. https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/16/textes/l16b0323_proposition-loi#

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