Produire une alimentation de qualité qui s’appuie sur les potentialités de ses terres agricoles, tel devrait être l’objectif aujourd’hui de toute structure agricole.

En élevage laitier, cela se traduirait par exemple par la production de légumineuses pour la fabrication d’aliment à la ferme afin de rééquilibrer la place des protéines végétales (pois, fève, pois chiche, lentilles, haricot…) dans la ration alimentaire des vaches laitière pour ainsi se soustraire à la dépendance aux importations de Soja Sud-américain, qui représente un coût économique et environnemental très élevé (déforestation, transport…). Miser sur les prairies pâturées de longue durée, qui représentent un moyen de mieux fixer le carbone (Le bilan de gaz à effet de serre des prairies correspond à un puits modéré d’environ 1 tonne de carbone par hectare et par an, source INRA).

Notre agriculture, en Bretagne est responsable de presque la moitié des émissions de gaz à effet de serres (45% selon le GIP Bretagne environnement 2015).

L’agro-écologie constitue une réponse à ces enjeux, en améliorant le lien au sol des exploitations agricoles par le développement des pratiques à long terme de restauration de la fertilité organique des sols bénéfique pour l’eau et la vie du sol, basé sur des élevages de plein air, sur des ateliers répartis de façon homogène sur le territoire et basé sur des pratiques économes en intrant. Surtout, en mettant en place des alternatives au soja dont les élevages bretons sont trop dépendants (le grand ouest importe 2,1 millions de tonnes de soja par an, à 80% constitué d’OGM). Chaque année, c’est l’équivalent d’un pays comme la Belgique qui se transforme en champs de soja, détruisant des forêts qui représentent pourtant un stock de carbone 2 à 3 fois plus élevé qu’une terre cultivée. L’agro-écologie est un choix technique et économique qui permet aujourd’hui d’être plus performant en ayant des coûts de production moindres tout en étant moins dépendant face à la volatilité des prix des matières premières. En savoir plus .

Il est vital d’engager avec tous les bretons la transition écologique de notre système productif alimentaire. Et nous devons le faire en reprenant la main sur les instances de décisions, en mettant en place des solutions sur le long terme, pour sortir du dogme d’une croissance infinie et imaginer des solutions pour diminuer notre trop grande dépendance aux énergies fossiles.

S’éloigner des politiques de course au volume et de modernisation des appareils productifs au seul fin d’être plus compétitifs que les autres. Il faut repenser notre modèle afin de répondre aux enjeux de la transition énergétique. Pour infléchir nos émissions de gaz à effet de serres, en privilégiant des modèles d’exploitation à dimension humaine et en remettant l’agronomie au cœur de nos productions agricoles. Egalement, en diminuant progressivement la production animale, excédentaire en Bretagne, pour la remplacer par des modèles plus complexe basés sur des productions végétale.

Qui sait que plus de la moitié du blé noir que nous consommons en Bretagne provient du Canada, de Chine ou de Pologne?

Mais le changement de modèle agricole ne doit pas se faire aux seuls fins de la transition énergétique, nos systèmes alimentaires doivent également promouvoir la vie dans nos territoires ruraux, en créant de l’emploi en privilégiant une agriculture de qualité, soucieuse de l’environnement et tournée vers son territoire. Moderniser notre appareil productif (notamment pour améliorer les conditions de travail des salariés des industries agro-alimentaire) mais sans perdre de vue le développement équilibré de nos territoires, en évitant la concentration des productions, responsable également d’une partie de la crise que nous traversons. Egalement en permettant à tous de bénéficier d’une alimentation saine et locale, via l’intégration de produits locaux et bio dans la restauration collective et l'adoption de pratique de consommation plus vertueuse (actions à promouvoir: http://famillesaalimentationpositive.fr/ ).

Ludovic Brossard

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