Pour une démocratie alimentaire sur Rennes

Nouvellement élu au sein de la municipalité de Rennes, en charge de l'agriculture urbaine et l'alimentation durable, je vivais hier soir mon troisième conseil municipal. A cette occasion, j'ai eu l'opportunité de proposer au vote 5 décisions autour de sujets alimentaires et agricoles. Parmi ces décisions, la reconduction de conventions de partenariat sur du don alimentaire provenant des denrées non consommés dans les cantines scolaires et à destination d'associations d'aides alimentaires.

Je suis également intervenu pour préciser l'ambition de la ville de Rennes en faveur d'une véritable démocratie alimentaire en évoquant les inégalités alimentaires ou la nécessaire réappropriation de l'alimentation par les citoyens.

Une alimentation saine et accessible pour toutes et tous, un choix politique!

Nous avons l’opportunité, sur rennes de nous appuyer depuis 2017 sur une politique alimentaire à travers un Plan Alimentaire Durable. Ce PAD a su répondre aux attentes en favorisant l’intégration d’une alimentation durable, saine et équilibrée dans nos cantines scolaires. Les objectifs fixés en 2017 ont été largement dépassés puisque les cantines proposent aujourd'hui :

· 28 % de produits bio ;

· plus de 40 % de produits durables ;

· 55 % de gaspillage alimentaire en moins ;

Le PAD a pour ambition d’assurer une alimentation de qualité pour toutes et tous en favorisant l’intégration de produits locaux de qualité dans les repas servis dans les cantines scolaires. Demain, le PAD nouvelle version devra aller plus loin, en matière d’intégration de produits bio et locaux, en diversifiant le contenu des assiettes ou se passant totalement du plastique.

Mais également en répondant toujours plus aux enjeux d’insécurité alimentaire, c’est-à-dire l’impossibilité pour nos concitoyens de pouvoir accéder à une alimentation en quantité et en qualité suffisante. Cette insécurité alimentaire a un rôle majeur en matière d’inégalités sociales de santé comme en témoignent les différences de mortalité ou la prévalence vis à vis de certaines maladies selon la position socioéconomique.

Selon la Banque Alimentaire, entre 3 et 8 millions de personnes ne se nourrissent pas correctement pour des motifs financiers. Une conséquence directe du fait que 9,3 millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté. Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire s’accroit en effet depuis 10 ans. Enfin, alors que pendant le confinement, les inégalités alimentaires ont ressurgi de manière criante et avec la crise économique qui frappe déjà nos concitoyens, comment ne pas s’indigner de constater, chiffres de l’INSEE à l’appui, que les inégalités de niveau de vie ont augmenté nettement depuis 2018. Les personnes les plus aisées étant en effet celles qui ont bénéficié le plus des mesures socio-fiscales mises en place par la Présidence d’Emmanuel Macron.

Autres chiffres qui montrent l’enjeu d’un accès pour tous à une alimentation de qualité, l’inserm pointe qu’en France seulement 23% des enfants consomment au moins 5 fruits et légumes par jour.

On peut aisément comprendre, dans ce contexte que la cantine est bien plus qu’un lieu d’apprentissage, mais aussi et surtout un lieu où se joue une réponse aux inégalités sociales qui minent nos sociétés.

Une des ambitions du Projet Alimentaire durable est également de limiter le gaspillage alimentaire, par un meilleur travail sur la qualité des produits et en ajustant toujours au mieux l’offre de denrées alimentaires aux besoins. Si malgré cela des plats restent non consommés, ils sont destinés au don alimentaire. 

Si les politiques de don alimen­taire restent importantes à mettre en place au regard du contexte social, je veux rappeler que cela ne peut être qu’en complément de politique volontariste et plus structurelle en matière de lutte contre les inégalités sociales dont je sais que certaines seront menées par la ville de Rennes durant cette mandature par mes collègues des solidarités, de l’habitat ou de la santé.

Agriculture urbaine, jardins partagés, îlots alimentaires, des outils en faveur de l'appropriation de l'alimentation par les citoyens

Favoriser l'installation de projets agricoles sur Rennes est une occasion fantastique de développer une agriculture de proximité. Ce qui se joue autour de ces fermes urbaines, c’est la constitution d’une véritable démocratie alimentaire, on y parle cuisine et nutrition donc santé, on y propose de l’insertion donc on favorise le retour à l’emploi, on sensibilise aux pratiques agricoles sans pesticides de synthèse donc on rend les citoyen.nes acteur.rices d’une transition écologique populaire et conviviale.  On y construit de la proximité, du partage et de la solidarité. L’agriculture est ici un prétexte pour tisser du lien entre les habitants mais aussi entre l’agriculture et les consommateur.rices.

Enfin, autour de ces projets agricoles émergent des projets citoyens, comme sur le quartier du Blosne. Avec des projets de groupements d’achats par exemple, pour favoriser toujours plus l'accès à une alimentation bio et locale; des initiatives citoyennes voient le jour autour d'échanges culturelles sur la cuisine

L'alimentation est à la croisée des enjeux de santé, la lutte contre le dérèglement climatique, la crise de la biodiversité ou la participation citoyenne. L'alimentation est un commun que la ville de Rennes entend accompagner à travers des politiques alimentaires et agricoles et l'institution d'une véritable démocratie alimentaire.

 

Intervention à l'occasion du forum alimentaire et territoires

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