Conservons nos terres agricoles pour garantir un développement durable de nos territoires !

Le ministère de l’agriculture et de l’alimentation publiait il y a peu les chiffres de l’artificialisation des terres agricoles en France : 9,3 % du territoire est déjà artificialisé et en 2015, c’est près de 60 000 ha qui l’ont été, soit l’équivalent de 10 000 m2 de terres qui disparaissent toutes les 10 minutes !

Preuve que l’artificialisation des sols nous concerne tous, autour de Rennes, trois projets font parler d’eux, trois projets où les surfaces agricoles sont menacées de disparition :

  • A Guipry Messac, c’est un projet de parc d’attraction, Avalonys (soutenu par des investisseurs comme les gérants du centre Leclerc de Bain-de-Bretagne et le Super U de Guichen) qui menace d’urbanisation 82 ha de terres agricoles.
  • A Noyal/vilaine, dans le cadre d’une révision du PLU, c’est 30 ha de terres agricoles qui sont menacés, alors que des citoyens se mobilisent et proposent des alternatives.
  • A Bruz, c’est 3,6 ha de terres agricoles en bio qui deviennent constructibles, pour accueillir entre autre un magasin de bricolage et une concession automobile.
  • A Chateaubourg et Domagné, Vitré communauté vient d'acquérir 25 ha de terres agricoles afin de les proposer aux entreprises qui souhaiteraient s'y installer. Projet dénoncés par plusieurs associations dont Vitré Tuvalu

« Ce n’est pas une lutte locale. On ne se bat pas pour notre petit business mais pour l’avenir » Sébastien Vétil, agriculteur et membre de l’association La Puce, qui conteste le projet Avalonys

Derrière ces projets d’urbanisation ou de parc de loisir, ce sont des surfaces agricoles que l’on condamne, le tissu économique local que l’on détruit.

L’artificialisation des sols n’est pourtant pas une fatalité. Elus, citoyens, agriculteurs, nous habitons les mêmes lieux et défendons le même intérêt, celui de vivre sur des territoires sans compromettre l’avenir et l’équilibre de nos sociétés.

Les sols abritent une biodiversité formidable, les prairies sont par exemple, de véritable puits de carbone. La préservation des terres fait donc partie des solutions permettant de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. On ne peut nier aujourd’hui ce que le dérèglement climatique nous impose à tous à travers le monde : sécheresse d’ampleur inédite, inondations à répétition, élévation du niveau de la mer, chute des rendements agricoles, migrations humaines...Face à ce constat et aux outrances passées qui ont déjà détruit des surfaces immenses, il nous faut savoir renoncer à des projets qui ne prennent pas en compte l’intérêt général mais qui satisfont seulement des exigences de court termes ou des besoins parfois mal dimensionnés.

Les terres arables sont une ressource naturelle non renouvelable et derrière ces projets d’artificialisation, c’est le gaspillage qu’on organise.

C’est l’heure des choix. La crise climatique est inéluctable, nos décisions aujourd’hui déterminent de quelle manière nous habiterons nos territoires demain. Quelle hésitation aujourd’hui à choisir d’encourager la relocalisation de nos systèmes alimentaires, d’installer de jeunes agriculteurs sur des productions biologiques plutôt que de voter des projets dont le développement ne répond plus à l’exigence d’un développement équilibré de nos territoires ? C’est maintenant que nous devons réduire nos besoins en mobilité, pour consommer moins de foncier, produire une partie de l’énergie et partager l’espace habitable.

Chers élus, ignorerez-vous cet appel ? Ne voyez-vous pas, dans vos communes, derrière ces champs, une révolution douce et silencieuse qui se met en place. Observez le dynamisme de ces paysans qui réinvestissent la campagne, de nos agriculteurs qui face aux crises et la misère qui les guette font le choix de se réapproprier leurs produits et collectivement tissent des liens avec le restaurant scolaire de votre commune ou pratiquent la vente directe. Cette économie est réelle, elle nous nourrit, nous fait vivre, nous fait travailler.

Voyez comme nos zones rurales sont dynamiques quand elles construisent la solidarité à travers des projets agricoles innovants, des lieux de convivialité où se mêlent économie circulaire et services aux personnes (exemple: la coopérative le Champs commun à Augan).

La coopérative le champ commun à Augan, ce commerce de proximité propose une épicerie pour « valoriser le bio et les produits locaux, tout en vendant des produits conventionnels. » Aujourd'hui, la SCIC compte huit salariés à temps plein. ( sources: http://www.say-yess.com/2016/11281/a-augan-on-cultive-son-champ-commun/ )

La coopérative le champ commun à Augan, ce commerce de proximité propose une épicerie pour « valoriser le bio et les produits locaux, tout en vendant des produits conventionnels. » Aujourd'hui, la SCIC compte huit salariés à temps plein. ( sources: http://www.say-yess.com/2016/11281/a-augan-on-cultive-son-champ-commun/ )

 De nouveaux modèles économiques émergent, plus résilients, plus respectueux du vivre ensemble. Il ne s’agit plus de quelques alternatives anecdotiques, ce sont de véritables changements qui s’opèrent sur nos territoires et nous avons besoin de nos terres agricoles pour construire ce renouveau. Répondre collectivement à l’impératif écologique et énergétique de relancer une alimentation locale doit nous amener à préserver la richesse de nos territoires : les femmes et les hommes qui les cultivent. Par un développement cohérent du territoire, l'action publique doit contribuer au changement et accompagner cette dynamique, pas la condamner.

Ludovic Brossard

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